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Séminaire théorique – Le destin de la sublimation

6 avril : 14h30 à 16h00

Séminaire tenu par Frédéric Yvan

 

Dans Pulsions et destins des pulsions (1915), Freud différencie divers destins possibles de la pulsion en vue de sa satisfaction : le renversement du but de la pulsion en son contraire, le retournement de la pulsion sur la personne propre, le refoulement et la sublimation.

Huit années auparavant, Freud a ainsi défini la sublimation dans La vie sexuelle (1907) : « La pulsion sexuelle met à la disposition du travail culturel des quantités de forces extraordinairement grandes et cela par suite de cette capacité spécialement marquée chez elle de pouvoir déplacer son but sans perdre pour l’essentiel de son intensité. On nomme cette capacité d’échanger le but sexuel originaire contre un autre but qui n’est plus sexuel, mais qui lui est psychiquement apparenté, capacité de sublimation. » À cette détermination, Freud ajoutera au changement de but de la pulsion un changement concernant son objet : « C’est une certaine espèce de modification du but et de changement de l’objet, dans laquelle notre échelle de valeurs sociales entre en ligne de compte, que nous distinguons sous le nom de “sublimation”. » – Nouvelles Conférences d’introduction à la psychanalyse (1933). La sublimation apparaît donc comme un processus de dérivation orientée par une dimension culturelle.

Dans son essai sur Léonard de Vinci, Un Souvenir d’enfance (1910), Freud explicite le processus sublimatoire : « La libido se soustrait au refoulement, elle se sublime dès l’origine en curiosité intellectuelle » ; et il analyse l’opposition pulsionnelle de Léonard de Vinci entre recherche scientifique et œuvre picturale en rapport aux trois issues de l’investigation sexuelle infantile – inhibition, obsessionnalisation et sublimation – en confrontant la difficulté et la lenteur dans l’activité de peindre à la production prolifique dans la recherche scientifique de ce génie.

Mais la sublimation, conçue comme une désexualisation du but orientée par une valorisation sociale de l’objet définie très tôt dans la vie de l’enfant, ne semble pas opératoire pour tout sujet en même temps que cette conception réduit la complexité du mécanisme sublimatoire.

Dans « Le moi et le ça » (1923), Freud établit des caractéristiques plus précises concernant la sublimation comme transformation (par le moi) de la libido d’objet en libido narcissique : la sublimation engage un abandon de l’objet qui expose le sujet à un risque mélancolique, la sublimation collabore à la pulsion de mort et, enfin, cette transformation libidinale consiste en une désexualisation.

Mais, comme l’analyse Franz Kaltenbeck dans L’écriture mélancolique (2020), « si l’on abandonne le but sexuel, qu’advient-il de la pulsion ? » Ainsi, Lacan refuse l’idée d’une libido désexualisée. Dans L’Éthique de la psychanalyse (1959-1960), il élabore une nouvelle théorie du but de la sublimation en situant la Chose (das Ding) au centre du processus sublimatoire : sublimer consistant à élever un objet à la dignité de la Chose. Das Ding c’est l’absolument autre ; Lacan l’associe explicitement au Fremde, à l’étranger. « Le Ding comme Fremde, étranger […], en tout cas comme le premier extérieur, c’est ce autour de quoi s’oriente tout le cheminement du sujet. » Das Ding est donc simultanément et structurellement cette extériorité ou ce dehors initial et le point d’orientation ou l’axe de révolution de la subjectivité. Ce dehors de la Chose est un dehors absolument inappropriable : c’est le dehors absolu de l’« Autre absolu » autour duquel prend consistance la réalité d’un sujet : « Das Ding, c’est ce qui – au point initial, logiquement et du même coup chronologiquement, de l’organisation du monde dans le psychisme – se présente et s’isole comme le terme étranger autour de quoi tourne tout le mouvement de la Vorstellung […]. »

Nous nous attacherons donc cette année au destin de la sublimation : celui de son évolution dans l’œuvre de Freud et celui de sa reconstruction dans la théorie de Lacan ; destin qui semble révéler, derrière l’enthousiasme créateur, des effets délétères et mortifères.

Le séminaire se déroulera à la fois en présentiel et en vidéoconférence (par Zoom).
Les codes et le lien seront envoyés par e-mail pour permettre de rejoindre la réunion.

Détails

Date :
6 avril
Heure :
14h30 à 16h00
Catégorie : ,

Lieu

Locaux de la Sauvegarde du Nord
23 rue Malus
Lille, 59000 France
+ Google Map

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