Atelier III – La sublimation dans la clinique de l’enfant : destin de la pulsion, destin du sujet

Atelier animé par Franck Dehon, Dr Emmanuel Fleury, 

Dès son jeune âge, l’enfant investit sa libido dans des objets socialement valorisés comme le travail intellectuel ou la création artistique. Ce qui détourne le sujet de la satisfaction pulsionnelle qu’il pourrait trouver dans son propre corps ou rechercher dans celui d’un autre, réside dans la pulsion de savoir, déclenchée par l’énigme que lui pose l’origine des bébés. Sa méconnaissance dans ce domaine, si elle ne le décourage pas, peut l’amener à créer le savoir qui lui manque en inventant des théories singulières, nommées par Freud « les théories sexuelles infantiles ». Bien qu’éveillée précocement, cette pulsion de recherche n’est active que pendant une période relativement courte chez la plupart des enfants, mais peut se développer davantage chez d’autres. On parle alors de sublimation pour ce destin de la pulsion qui joue un rôle éminent dans la vie des artistes ou des intellectuels notamment. Mais comment ce choix s’opère-t-il ? Comment et pourquoi le désir de savoir s’éteint-il ou, au contraire, persévère-t-il ?

La vie et l’œuvre de Léonard de Vinci nous apprennent que la soif de connaissance, loin de soutenir systématiquement la création, peut aussi la freiner voire s’y opposer. Toute pulsion ne peut être sublimée. La sublimation ne saurait donc constituer une solution exclusive ou définitive à la transformation de la pulsion. La sublimation doit généralement cohabiter avec le symptôme, l’inhibition ou l’angoisse. Ainsi, au terme de sa phobie, la vie du petit Hans nous indique que la sublimation est restée problématique pour lui, malgré sa carrière brillante dans la mise en scène d’opéra. La sublimation a coïncidé avec des symptômes liés à des difficultés d’identification sexuée. 

Enfin, si la sublimation est un destin pulsionnel auquel tout le monde ne peut prétendre, que penser de l’extension sociale, aujourd’hui, du « diagnostic » d’enfant à Haut Potentiel Intellectuel (HPI) pour désigner ces sujets d’exception, dont les symptômes s’expriment notamment par de grandes difficultés scolaires ? Comment comprendre qu’une supposée prédisposition pour le travail intellectuel puisse rendre compte de l’échec même de celui-ci ? Et peut-on se contenter d’épreuves psychométriques pour aborder de tels cas, sans évaluer la place qu’occupe pour eux le désir de savoir ?

C’est à partir de ces pistes de réflexion et en fonction des interrogations des étudiants que nous aborderons la notion complexe de sublimation à travers l’étude de concepts psychanalytiques afférents (pulsion, narcissisme, idéal du moi, etc.) tout en mettant la théorie à l’épreuve de la clinique, qu’elle soit issue de la littérature analytique ou de notre pratique.

L’atelier se déroulera à la fois en présentiel et en vidéoconférence (par Zoom).
Les codes et le lien seront envoyés par e-mail pour permettre de rejoindre la réunion.